Réforme du périmètre d’intervention de l’avis des ABF : ce qui change pour vos projets
Une réforme majeure pour les porteurs de projets autour des bâtiments historiques
En France, l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) est une étape incontournable pour de nombreux projets. En effet, toute autorisation d’urbanisme située dans un rayon de 500 mètres autour d’un monument historique nécessite aujourd’hui un avis de l’ABF.
Or, cette obligation concerne une multitude de communes. Résultat : les services instructeurs sont engorgés, les délais s’allongent, et les porteurs de projets se heurtent à des démarches lourdes et parfois injustifiées.
Mais une réforme votée par le Sénat en 2025 pourrait changer la donne.
Un périmètre automatique remplacé par des périmètres concertés
Le principe des 500 mètres autour d’un monument historique pourrait céder la place à des Périmètres Délimités des Abords (PDA). Ces périmètres seraient définis localement, en concertation avec les acteurs du territoire.
Objectif : adapter la protection patrimoniale aux réalités locales et alléger les démarches pour les projets qui n’ont pas d’impact réel sur le patrimoine.
Autres mesures clés de la réforme :
- Suppression de l’enquête publique pour créer un PDA ;
- Plus de consultation obligatoire du propriétaire du monument ;
- Mise en ligne des avis des ABF pour plus de transparence ;
- Création d’une commission départementale pour examiner les prescriptions jugées excessives.
Une réforme saluée par les professionnels de l’urbanisme
D’après Héloïse Aubret, avocate en droit de l’environnement et de l’urbanisme :
« En pratique, l’absence de consultation de l’ABF n’est que rarement sanctionnée si elle n’a pas d’impact réel sur la décision. Le Conseil d’État (CE, 23 déc. 2011, Danthony) l’a rappelé : le manquement doit avoir eu un impact sur l’appréciation du projet par le service instructeur. Aussi, pour annuler un permis, il faut presque prouver que l’ABF aurait rendu un avis négatif, et que l’autorité décisionnaire l’aurait suivi. »
Ainsi, cette réforme n’affaiblit pas tellement la protection du patrimoine.
Quels impacts pour les porteurs de projets et collectivités ?
- Délais raccourcis pour l’instruction des demandes ;
- Moins de contentieux liés à des erreurs de consultation ;
- Mieux cibler la protection sur les projets réellement sensibles.
Pour les ABF, cette évolution permettrait un recentrage sur les projets à fort impact patrimonial et une meilleure articulation avec les élus.
Ce qu’il faut retenir
- Fin du périmètre automatique des 500 m autour des monuments ;
- Création de périmètres plus souples et concertés (PDA) ;
- Plus de transparence avec la publication des avis en ligne ;
- Allègement des obligations de procédure (enquête publique, consultation des propriétaires) ;